Au détour de la vie, nous viennent des étoiles qui, lorsqu’elles paraissent, ne semblent pas briller tout à fait comme les autres. Pourtant, en posant un regard attentif et vivant sur ces âmes que pleure le ciel, on se rend compte rapidement qu’elles nous invitent au plus grandiose des voyages : celui qui mène à la rencontre de Soi par l’intermédiaire de l’autre.
Leurs racines se mêlent aux nôtres et nous ne pouvons nier que nos arbres se frôlent. Que leur espoir fréquente les plus belles aspirations et que leur histoire ne les a pas égarées.
Demandez à ceux qui ont vécu ou vivent encore auprès d’elles, jusqu’où elles les ont portés. Vers quelles profondeurs de l’Etre, vers quels sommets de béatitude et de reconnaissance. Car nous touchons là à l’Amour indicible. Celui qui grandit, celui qui sert, celui qui chemine sans découragement ni haine. Celui qui croise l’azur et traverse les déserts.
Dans ces conditions comment refuser à un enfant cette possibilité extraordinaire de toucher à cet Amour-là ?
Au lieu de s’arrêter à la difficulté pourquoi ne pas imaginer le possible qui se cache derrière elle et aller à sa rencontre ?
En renonçant aux larmes et aux lamentations, nous est donné le bonheur incroyable d’apprendre le chant du ciel.
A travers leurs regards vibrants nous puisons à la source de notre mémoire pour y retrouver le rire et la saveur du miel.
Avoir assez d’amour pour nourrir un corps privé de ses facultés c’est annuler la peur et laver les doutes de la nuit. C’est vaincre l’orgueil immense et faire pousser la vie sur les branches tristes de l’hiver. C’est transformer le plomb en or. C’est Vivre, tout simplement.
Je n’ai pas la prétention de dire que c’est chose facile. Juste celle de croire que ça vaut la peine.
Qui sommes-nous pour penser que leurs yeux ne voient pas plus loin que les nôtres ?
Que leurs oreilles n’entendent pas d’autres sons ?
Que leurs mains ne caressent pas d’autres visages ?
Ces êtres viennent d’un monde qu’une partie d’eux n’a pas voulu quitter pour la rappeler à tous ceux que la vague de l’oubli a noyé dans son indifférence.
Ils sont là pour transmettre cette lueur essentielle qui sans eux s’éteindrait.
Suspendus à leurs rêves ils engendrent les nôtres.
Entre leurs doigts, la caresse pour dire. Dans leurs yeux, la grâce d’un monde à découvrir.
Et quand leur voix parvient à franchir le mur du silence, c’est un poème qu’ils déposent en nos cœurs.
La différence se trouve dans la manière d’aimer, d’accueillir l’autre et de l’accepter tel qu’il est, pas dans l’apparence physique.
La différence c’est nous qui la créons, pas eux.
Alors quand vous verrez leurs yeux émus se poser sur votre tendresse retenue, n’étouffez pas votre sourire et ne retirez pas votre main.
Quand je disais que ces étoiles ne semblent pas briller tout à fait comme les autres, j’ai oublié de préciser : elles brillent beaucoup plus !!!
Copyright Annie Lautner
Illustration : Huile sur toile – Annie Lautner – Germes de Vie ©